Comme André (et certainement plusieurs autres), j'ai bien aimé l'exposé-résumé de ton message d'avant. Très clair, et avec beaucoup d'exemples. Ça m'a éclairci les idées là-dessus.
Tu dis : "...la période sensorimotrice (0-2ans)..."
"La période préopératoire débute lorsque enfant, en parallèle avec l'acquisition de la parole, est capable de se représenter et de manipuler des symboles."
Crois-tu que ma chatte est 100% au stade sensorimoteur ou si elle déborde un peu dans le préopératoire inférieur?
Bien sûr, elle n'a pas le langage. Elle ne parle pas. Elle se fait comprendre de d'autres façons. Mais, n'ayant pas de langage, pas de mots, pas de grammaire pour combiner les idées, elle est pas mal désarmée face à la pensée formelle. Tout ça lui passe au-dessus de la tête.
Pourtant, parmi les caractéristiques que tu donnes, propres au stade préopératoire, j'en trouve qui pourraient peut-être s'appliquer à ma chatte : "L'égocentrisme de l'enfant le conduit à développer une compréhension ANIMISTE et ARTIFICIALISTE des objets et des phénomènes qui l'entourent. L'enfant prête aux objets une intentionnalité. Ou encore, il croit reconnaître une intentionnalité derrière l'objet plutôt qu'à l'objet lui-même."
Pas besoin de langage pour prêter une intentionnalité aux objets. Ça me paraît être à la portée de ma chatte. Des intentions, elle en a certainement. Quand elle veut sortir ou manger, elle aimerait bien sortir ou manger, et elle sait comment me demander ça.
Elle ne parle pas mais je pense qu'elle comprend vaguement quelques mots. Beaucoup moins qu'un chien ou un chimpanzé. Elle est pas mal nouille, côté intellectuel, mais, en ce qui concerne le sensorimoteur, je considère qu'elle vaut amplement un enfant d'un an et demi. Fais-lui sentir une sardine et fais sentir un morceau de chocolat à un enfant d'un an; puis va accrocher les deux délices à 3 mètres dans un arbre. Je te parie un $2 que le sensorimoteur de ma chatte va gagner la course contre le sensorimoteur de l'autre.
J'ai bien aimé l'exemple du loup dont parle Greg dans une autre enfilade : https://forum-sceptique.com/archives/41410.html#41410 .
"Quand la faim pousse un loup vers la ferme la plus proche et que celui-ci , en observant qu'il y a des chiens et des fermiers armés décide d'attendre la nuit pour attaquer, on ne peut certainement pas dire que le loup n'a pas fait un "choix" et qu'il ne possède pas un sens stratégique évident. Il est tiraillé entre la faim et la peur et il choisit..."
J'ai aussi aimé la réponse de Stéphane : "Si vous remplacez «loup affamé» par «homme affamé» dans cette histoire, ça donne quoi? On dirait qu'il n'y a que le contenu «intentionnel» (donc, spéculatif) qui change, non? Un être humain pourrait très bien faire la même chose, sauf que dans ce cas vous affirmeriez qu'il avait l'intention de le faire."
Stéphane a même trouvé un site, http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Cadavre--Les_lecons_a_tirer_des_proces_aux_cadavres_aux_objets_et_par_Ezzat_Abdel_Fattah , qui traite de l'aspect historico-ethno-juridique de l'affaire.
C'est peut-être dans leur enfilade que je devrais poster plutôt que dans la tienne. ;-) Mais c'est plus le coté psychologique (et comportemental) qui m'intéresse.
Par exemple, je considère que des cas comme le gorille Koko ( http://www.koko.org/ ou http://www.pbs.org/wnet/nature/koko/ ) ont carrément atteint le stade préopérationnel. À moins que parler par signes ne soit pas parler.
Pour le parler "vocal", il y a Alex le perroquet : http://psychology.sfasu.edu/psy460/bridges/460/alexpaper.htm .
"An African Gray Parrot named Alex (refer to illustrations below) has provided deep insights into the intellectual abilities of some birds. “Irene Pepperberg first taught Alex a vocabulary of English vocalizations to identify, request, refuse, or comment on over 80 objects of different colors, shapes, and materials”." (le gras est de moi).
Dommage que les australopithèques (à la Lucy) ne soient plus là, ainsi que les intermédiaires entre eux et nous. On y verrait plus clair. Mais c'est probablement un bien qu'ils ne soient plus là. Avec tous les problèmes de racisme qu'il y a dans le monde, ça ne simplifierait pas les choses si on avait, en plus, des problèmes d'espècisme.
Dans ton dernier post, tu poses de bien belles questions. En particulier,
"1- À quels besoins répondent les croyances?
2- À quels besoins répond notre scepticisme?
*- Notre scepticisme (...) est-il animé uniquement pas des motifs rationnels?"
Moi, je vois ça via la métaphore de la conduite automobile. L'imagination et le sens critique correspondent respectivement aux pédales d'accélération et de freinage. Les croyances servent à bouger, à changer de place, et le scepticisme sert à éviter les sorties de route. Grosso modo.
Le gros du problème est de bien les doser. Trop de l'un n'est certainement pas mieux que trop de l'autre. Affirmer le faux et nier le vrai sont aussi détestables l'un que l'autre. Même que ça se ressemble beaucoup. Logiquement, il suffit de passer deux fois par le complément pour aller de l'un à l'autre.
Dans ma métaphore de la conduite automobile "optimale", reste à savoir à quoi correspond le volant. J'hésite entre le jugement et le libre arbitre.
Pour les essuie-glace et le tuyau d'échappement, je renonce. ;-)
Denis
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