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Re:Re:RÉPONSE...


Re: Re:RÉPONSE... -- Stéphane
Postée par Ody , May 02,2000,16:30 Index  Forum

Réponse à l’assertion 1
Bien entendu que rien n’est à l’abri du questionnement, peu importe sa nature. Si on évite le questionnement, on tombe dans le dogme. Je ne dis pas qu’il faille tout poser dans un contexte religieux ni de faire l’inverse. Depuis le début de mes interventions je soutiens que le ‘scepticisme’ tel que pratiqué sur ce forum se sert de l’empirisme comme critère unique d’évaluation des comportements humains, ET que ce seul moyen d’analyser les ‘faits’ me semble inadéquat parce que foncièrement incomplet lors qu’il est question de ces comportements. Les comportements humains ne sont pas empiriques, ne vous en déplaise (j’y reviens un peu plus bas, à propos des humains du néandertal). La Religion est bien entendu un exemple, utilisé ici (dans ce forum) plus pour provoquer et choquer. Vous êtes, collectivement, si pathétiquement sensible au concept de religion! J’ai aussi cité, si je me souviens bien, la Philosophie et la Psychologie.

La Religion n’est pas utile à la compréhension des phénomènes physiques, même qu'elle y nuit.
Par contre, elle est utile et à prendre en compte lorsqu’on analyse des phénomènes humains. Elle sert aussi, sur un plan individuel, à se représenter ce qu’on ne s’explique pas lorsqu’on ne dispose pas des informations (ou la formation) adéquate. Enfin, elle est aussi (ce que je n’aime pas beaucoup) le fondement des règles de morale qui permettent à toutes sociétés, même laïcisées, d’élaborer des règles de comportement. Parfois, dans des cas plus rarissimes, quelques individus s’en servent pour se construire une vision éthique de l’Humain. Ghandi en est un bon exemple. Juriste, il a érigé en absolu l’égalité des peuples. Politicien, il a œuvré à la réalisation de cette égalité. Religieux, il a prôné la fraternité entre les adeptes des différentes religions. Et toute son action est guidée par cette espèce de mystique religieuse, bien qu’appuyée de ses convictions et de sa formation de juriste et de son expérience intime du pouvoir colonisateur anglais. Voilà l’exemple d’une personne qui s’est élevée grâce à la Religion. Pas grâce à sa religion mais grâce à la Religion.

Réponse à l’assertion 2
Observation sociale? L’observation sociale, je vous le signale sert toujours à démontrer quelque chose, en l’occurrence un postulat. Comme humaniste, je suppose en effet que les être humains sont égaux. Parce que JE le SOUHAITE. Si j’étais raciste, ou suprémaciste ou « whatever » du même genre, je supposerais que les être humains ne sont PAS égaux. Parce que je le souhaiterais si j’étais de cette mentalité.

À partir de ce postulat, j’irais sur le ‘terrain’ à la recherche d’indices confortant mon opinion, j’en ferais une démonstration méthodologiquement rigoureuse, qui viendrait rencontrer mes opinions initiales. Forcément, parce que je chercherais des preuves de mon postulat. Hé! Je ne veux certes pas m’attacher à prouver le contraire de ce que je pense! Je trouverais certes des preuves contraires et à moi ensuite, comme chercheur sérieux, de tenir compte de ces éléments (que je ne peux pas me cacher) mais de les réfuter par une argumentation scientifique et des théories.

Alors l’observation sociale… Bien que réalisée dans des conditions méthodologiquement rigoureuses, l’observation sociale est une auberge espagnole : on y mange ce qu’on y apporte. Car après tout, des études américaines ont démontrées que les ‘Noirs’ étaient moins intelligents que les ‘Blancs’, et d’autres que c’est une question de références culturelles et que ‘Noirs’ comme ‘Blancs’ sont également, quoique différemment, intelligents. Les ‘Observations Sociales’, même strictement réalisées, servent à prouver des postulats. Et un postulat n’est pas un fait, c’est l’intuition d’un fait, ou en termes plus courants, la croyance en un fait. Et le mot « foi » est une autre manière de nommer la croyance.

Quant au terme ‘d’observation erronée’… cette expression suppose une erreur dans l’observation, à savoir une observation qui serait incomplète et/ou ‘défectueuse’ et/ou mal ciblée, etc., et qui conduirait à des conclusions qui ne seraient pas le reflet de la ‘réalité’. Mais dîtes-moi : la réalité humaine, la réalité de sociétés, est-elle unique? Ma réalité comme membre de l’entité politique du Québec est-elle équivalente à la réalité d’un membre de l’entité politique du ‘Canada-sans-le-Québec’?

On peut arguer que la réalité est unique mais elle l’est uniquement lorsqu’on mesure des éléments précis, 'focalisés' de la réalité, par exemple avec les sciences physiques ou ‘exactes’ : quelle est la forme de la montagne, quel est le spectre des réfractions lumineuses de la montagne, quelle est sa hauteur en mètres, qu’elle est son étendue en km(2)? Mais qu’elle est l’importance symbolique, par exemple, du Monte Cassino comparativement au Mont-Blanc? La science ne peut pas la mesurer. Oh, on peut utiliser des indices, des critères reconnus et arriver à une approximation assez crédible, mais pas à une mesure précise ni ‘ultime’ ou unique. Or, le résultat de cette (inutile) comparaison est la mesure d’une activité humaine ou d’un processus humain : l’émotivité collective face à un objet. Si vous prétendez que vous pouvez mesurer cela uniquement avec des méthodes scientifiques, alors vous êtes un sectaire de la science. Pouvez-vous, théoriquement, faire cette mesure, en supposant que cette mesure serait utile?

Réponse à l’assertion 3
« Il ne fait aucun doute que la démarche empirique/analytique est supérieure au niveau de notre relation avec le monde naturel ». Je dis : vrai.

« (…) il faut penser empirique, et non foi, pour faire des outils. » Je dis : vrai.

« Il faut penser empirique, et non religion, pour éviter de manger des champignons empoisonnés ou d'aller batifoler avec les tigres aux dents de sabre. » Je dis vrai.

« Oui, sans aucun doute, l'empirique est le meilleur moyen de se représenter l'univers ». Je dis : vrai, SI ET SEULEMENT SI par ‘univers’ on désigne la ‘matérialité’ visible et mesurable comme la conformation géographique et géologique des continents, la position/vitesse de rotation/taille des planètes, etc. Si vous incluez dans l’univers les sociétés humaines, la culture, la croyance, la psyché de chaque individu, je vois mal ce que l’empirisme peut décrire correctement sans devoir recourir à une foule d’autres manières en guise de support, et en les ‘ennoblissant’ par la présence de l’empirisme dans le processus de compréhension.

Maintenant causons logique, rationalité et empirisme. Vous écriviez : « Oui, sans aucun doute, l'empirique (sic) est le meilleur moyen de se représenter l'univers. Sinon on ne serait pas ici pour en débattre. »

Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire? Vous démontrez directement ce que j’explique depuis le début, à savoir que le ‘scepticisme’ tel que pratiqué par les sceptiques du Québec et d’ailleurs, repose sur des croyances! « (…) l’empirique (sic) est le meilleur moyen de se représenter l'univers » et « Sinon on ne serait pas ici pour en débattre ». Le fait que vous le défendiez lui accorde son statut de « le meilleur moyen de se représenter l'univers »? En fait, vous en débattez parce que vous y croyez, point. Merci!

Je citerais en exemple le film Contact. Ellie et son copain religieux, sur le balcon lors d’une réception à la Maison Blanche. Il lui demande si elle aime son père décédé. Elle répond résolument oui. Il rétorque : prouve-le. Elle reste bouche bée…

Question : la science, l’empirisme, peuvent-il faire cette preuve? J’attends… Vous pouvez mesurer les réactions physiologiques d’une personne ‘en amour’ (et comment sait-on si elle est effectivement ‘en amour’ sinon en lui demandant?), vous pouvez observer une modification des comportements mais jamais vous ne pouvez mesurer l’amour. Ou la haine. Ou le mépris ou etc… Il est des domaines où l’empirisme donne des réponses parcellaires et si on s’y fie, on passe à côté de choses importantes ou même fondamentales… On peut toujours aussi nier l'existence de l'amour, dans sa définition idéale ou fonctionnelle. Niez-vous?

Réponse à l’assertion 4
Vous me prêtez des intentions, et vous n’êtes pas le seul. Pas étonnant : depuis le début de mes interventions on fait allusion à mon appartenance à des religions new age (!). Ergo, puisque j’appartiens censément au mouvement new age, je rejette la science! Vous, et d’autres, avez plaqué sur ma personne une telle étiquette et comme les new ages sont des gens qui généralement n’aiment pas la science et les preuves qu’elle apportent à l’encontre de leurs outrancières subjectivités, vous avez décidé, du haut de vos vérités scientifiques, que j’étais un tenant du rejet de la science! Mais quelle mauvaise foi!

Mon exemple disait ce qu’il disait, à savoir que les théories scientifiques, les méthodes empiriques ne servent pas, ne peuvent pas servir à tout expliquer. Il faut recourir à d’autres moyens là où la mesure et l’observation ne peuvent accéder adéquatement. D’autres moyens, isolément ou concurremment à des moyens empiriques. Il n’y a pas de loi du comportement humain, des psychologues sérieux vous le diront : et pas de loi signifie généralement non reproductibilité des phénomènes; et non reproductibilité des phénomènes signifie pseudo-science lorsqu’on prétend à la science.

Réponse à l’assertion 5
Y voit jeu de mots qui veut y voir jeu de mots. Je dis que le sceptiques ne sont pas rigoureux dans leurs ‘méthodes sceptiques’ lorsque vient le temps de se regarder eux-mêmes. En d’autres termes, vous ne vous policez pas. Quid custodies custodiet??? Traduction française de ce merveilleux proverbe latin : « qui surveillera les surveillants? »…

Réponse à l’assertion 6
J’ai bien remarqué les listes de références… Questions : quels sont les critères présidant aux choix desdites références? Quels sont les critères présidant aux choix du nombre de références citées? Quels sont les moyens de recherche des sources citées? Pourquoi le ton ironique dans certains articles? Est-ce que les pseudo-sciences, religions, croyances cités ont été l’objet de recherches, de statistiques, de contre-expertises de la part du Skepdic, spécialement quant aux pseudo-sciences? Est-ce que les contrôles de reproductibilité des expériences ont été réalisés dans les mêmes conditions que ceux qui les ont fait à l’origine? Voyez-vous, le scepticisme, sans protocoles, sans critères, sans méthode transparente, n’est guère plus qu’une religion de la dénonciation des attitudes humaines jugées non-empiriques. Une religion du monde plat, sans relief, comme le dirait sûrement le philosophe américain Ken Wilber…

Mais quittez donc vos ornières pseudo-empiriques! Vous n’êtes pas des chevaux, que je sache?!? Vous êtes des humains qui prétendent s’élever au dessus des TJ et des charlatans new ageux de tout acabit. Soyez critiques et cessez d’être seulement des critiques condescendantes de vos semblables.


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