Suivi

Entre autres, et puis, donc.


Postée par gaël , Aug 13,2000,14:47 Index  Forum

Salut tous.

Me voilà de retour après d’atroces vacances à la campagne. Outre le fait que je hais cet endroit où mes yeux sont agressés par l’infâme verdure omniprésente, mes oreilles par les horribles hurlements des oiseaux, ma peau blanche et délicate par le soleil et les insectes; cet endroit où il n’y a aucun lieu où aller danser le soir et où le premier magasin où acheter de la bière est à plus de 4 km, un problème supplémentaire se pose, plus directement lié au scepticisme :

Autrefois, étant enfant, j’étais atteint par des allergies qui se déclenchaient automatiquement dès que je sortais de la ville (le seul lieu où j’aime vivre). Ces allergies, assez importantes, me rendaient la vie assez pénible durant les vacances. Mes parents m’ont donc fait soigner par homéopathie lorsque j’avais 10 ans, et toutes ces allergies ont totalement disparu. Et pendant une douzaine d’années, tout est allé pour le mieux. Mais voilà, il y a 5 ans, j’ai appris que l’homéopathie était une fumisterie, et depuis ce jour toutes mes allergies sont revenues ! Quoique moins importantes qu’autrefois, elles restent gênantes.
Je me demande alors : de la même manière que l’on peut revendiquer un droit à la connaissance, ne serait-il pas parfois utile de défendre un droit à l’ignorance ?
40% des prescriptions des médecins généralistes sont des placébos impurs (vitamines, minéraux, etc...), et l’existence de placébos est tout de même très utile (voire parfois nécessaire).
Une pratique que l’on ne conteste pas chez les médecins (et dont on parle bien peu), pourquoi la contesterait-on chez les homéopathes, alors que les médicaments homéopathiques sont peu coûteux et sont un excellent moyen d’optimiser le placébo ? L’efficacité de celui-ci dépendant largement de l’attitude du médecin et de son rapport avec le patient, or un homéopathe, qui consulte souvent pendant 1 heure pour nouer une relation avec son client, est certainement plus convaincant qu’un généraliste qui se contente d’un quart d’heure et qui, face à des troubles fonctionnels, va prescrire un peu n’importe quoi sans donner d’explications.
Il faudrait évidemment que l’exercice de l’homéopathie soit interdit à toute personne qui n’est pas médecin, histoire d’éviter les dérives de la part des homéopathes qui seraient en contestation par rapport à la médecine “officielle”. Mais à part ça, j’ai du mal à voire dans l’homéopathie un danger, et elle me semble même plus utile que néfaste (même sa théorie n’est qu’un vaste ensemble de conneries totalement indéfendables).


A part ça, je n’ai pas lu tout ce qui s’est écrit durant ces 3 dernières semaines, mais j’ai vu que Mondreiter a quitté ce forum et c’est bien dommage, puisque c’était ici le seul croyant qui avait une réelle compétence scientifique, et avec qui des discussions sérieuses auraient pu être possible. (par contre Gatti est toujours là, et c’est encore plus dommage).

Je remarque qu’un nouveau venu, Benoit, critique le ton de ce forum. Il est vrai qu’il arrive au plus mauvais moment. Depuis quelques mois cet endroit sombre chaque jour plus profondément dans la médiocrité. Autrefois c’était pourtant un lieu d’échanges très intéressants, où l’on pouvait discuter sans que les messages soient composés à 50% d’insultes, et où l’on pouvait trouver beaucoup d’informations utiles. Il y avait même parfois des messages intelligents ! Je me connectais tous les jours, je lisais tout ce qui s’y écrivait (et j’intervenais régulièrement). Maintenant les propos qui se tiennent ici sont tellement dénués d’intérêt que je ne passe plus que de temps en temps, et pour lire à peine le tiers des messages. Toutefois je reste là, dans l’espoir qu’un jour reviendra le bon vieux temps.

J’ai vu aussi que Gene avait vaguement répondu à ma question sur la peur, et évidemment la réponse n’est pas du tout satisfaisante. Selon lui, il s’agit surtout, chez les sceptiques qui doutent parfois, de la peur d’avoir tort, et en conséquence d’avoir mal fait.
Absurde. Bien loin d’avoir peur d’avoir tort, la plupart désirent profondément avoir tort. En tout cas moi tous les jours je doute, à chaque fois que je lis un témoignage troublant ou que je me repenche sur une question non résolue. Et pourtant généralement les choses qui me font douter ne sont que des clichés new-age rabachés depuis longtemps, qui n’ont pas la moindre crédibilité... mais je doute parce que j’aimerais avoir tort. Et je ne pense pas me tromper si je dis que la plupart des sceptiques ont le même désir (à part peut-être quelques-uns des plus militants d’entre eux). La conception matérialiste du monde n’a rien d’exaltant, rien de mystérieux, rien d’attirant sous quelque angle que ce soit. Faut-il le répéter encore une fois pour que Gene le comprenne enfin ? N’importe quelle spiritualité serait mieux que cela. Quitte à être réincarné en poisson rouge dans un bocal, à cause du mauvais Karma accumulé par mon infâme vie de matérialiste immoral, paresseux, alcoolique, fumeur de joints et bisexuel; mon avenir de poisson rouge serait toujours plus enthousiasmant et plus désirable que le néant total qui m’attend si mon incrédulité est justifiée. Je repose la question : de quoi aurions-nous peur ?
Les croyants, par contre, je conçois bien qu’ils puissent connaître la peur, voire l’angoisse, s’ils commencent à douter.

Ceci dit, le désir d’avoir tort qui peut exister chez les sceptiques est forcément contrebalancé par un désir d’avoir raison, car celui-ci existe chez tout homme possédant un égo, c’est à dire sans doute chez tout le monde. C’est celui-ci qui rend possible - et fréquente - la mauvaise foi et la malhonnêteté intellectuelle, même ici.
Des désirs contradictoires, il y en a sans doute. De la peur, certainement pas.

G.


Suivi