Je comprends que vous n'ayez pas apprécié que je vous nomme. Mais franchement, parmi les personnes "du camp non sceptique" vous êtes celle qui me semble la plus sympathique, la plus attachante. On aurait presque envie de se lancer dans des joutes passionées sur la spéciation bien sûr, mais aussi et surtout sur le statut des théories et la valeur de leurs fondements. Mais j'ai le sentiment que ce je pourrais vous dire sur le sujet l'a déjà été par d'autres ici-même, et bien mieux que je ne pourrais le faire. Je ne suis pas un fervent adepte du rabâchage, et manque donc de motivation pour vous donner le change. Disons simplement que je me range aux côtes de vos fidèles détracteurs sur le fond et que j'envie leur patience sur la forme. Ce n'est pas une façon de me défiler, car je m'engage à reconnaître que j'ai tort au sujet de l'évolutionisme si vous arrivez à leur montrer que eux ont tort.
Je n'ai pas lu tous vos échanges avec eux. Il y a tout de même une démarche que je ne leur ai pas vu présenter. La voici :
En tant que sceptique, lorsque je parle avec un croyant, j'ai bien souvent le sentiment de comprendre ses idées alors qu'il ne comprend pas les miennes. Je crois aussi que lui a le même sentiment envers moi. Je pense également que croire cela amène à se dire que l'on a une vision plus globale de la situation et que par conséquent on a raison. Pour amener l'autre à cette raison, on cherche alors à lui faire entrevoir la partie de la scène qui lui est dissimulée. Bref, s'il comprend nos idées, il se rangera à nos côtés.
Mais dans ce cas, au moins l'un des deux se fourvoie. Il pense comprendre les idées de l'autre alors qu'il n'en est rien.
J'ai imaginé la petite expérience suivante :
Et si les adversaires essayaient pour un temps d'épouser les idées de l'autre? En seraient-ils capables?
J'aimerais vous voir au cours d'une petite discussion avec un de vos détracteurs, vous dans la peau du sceptique évolutioniste, et lui dans celui du créationiste. Je fais l'hypothèse que vous joueriez plus mal que lui car vous ne comprenez pas ses idées (et surtout sa démarche) ausi bien qu'il comprend les vôtres.
Bien sûr, si on voulait que l'essai soit concluant, il faudrait procéder en aveugle mais la démarche serait beaucoup plus lourde.
Par exemple :
Prendre un groupe de croyants et un groupe de sceptiques. La moitié de chaque groupe doit incarner (jouer) un croyant, et l'autre un sceptique.
Un jury composé de croyants et de sceptiques (à égale proportion) essayerait de déterminer qui sont les vrais croyants.
Si les sceptiques ont une meilleure compréhension des croyants, que les croyants en ont des sceptiques, alors on devrait observer deux choses :
- Le nombre de personnes correctement identifiées serait plus important dans le camp des croyants que dans celui des sceptiques.
- Les membres sceptiques du jury auraient mieux distingué les simulateurs des authentiques que les membres croyants.
Réciproquement, si les croyants ont une meilleure compréhension des sceptiques, que les sceptiques en ont des croyants, alors :
- Le nombre de personnes correctement identifiées devrait être plus important chez les sceptiques que ches les croyants.
- Les membres croyants du jury devraient être plus clairvoyants que les sceptiques.
Que pensent sceptiques et non sceptiques de la valeur que pourrait avoir une telle expérience? Bien sûr, elle n'aurait pas pour objet de remplacer l'argumentation sur le sujet qui pose problème. Mais devrait-elle au moins (dans un monde idéal), apporter un ersatz de soupçon de questionnement dans le groupe de ceux qui auraient été reconnus comme les moins clairvoyants?
Cyril
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