Bonsoir, René. Pour le style: c'est relativement simple: il tranche sur l'indigence commune à bien des auteurs: vocabulaire qui ne se limite pas aux 2000 mots moyens, phrases articulées d'une manière non ambigüe, "élégance" du style, plus inspiré des auteurs du 19ème siècle que des productions de masse qu'on trouve de nos jours. Il me fait terriblement penser au style de Fulcanelli, peut-être un peu désuet, mais qui coule si doucement, qui berce l'esprit d'une douce musique de fond, les idées se présentant logiquement, en une suite harmonieuse, au premier plan. J'aime ce style, et j'ai parfois relu des passages uniquement pour le plaisir du beau langage. Pardonnez-moi mon excès de naïveté, au sens premier du terme, mais c'est ce que je ressens quand je lis du Balzac, du Maupassant ou du Edgard Poe traduit par Baudelaire. Je n'ai jamais ressenti cela avec San Antonio ou Simone de Beauvoir! (Mais non, ce n'est pas de la provocation :0) Pour la clarté du raissonnement: je pense à son "Analyse des Mythes du monde moderne", paru en 56 je crois dans la Nouvelle Revue Française, et réédité depuis dans "Mythes, Rêves et Mystères". J'avais déjà lu chez Fulcanelli une analyse des modes de transmission des Mythes, par la voie de la tradition orale, de l'iconographie et de l'architecture. Eliade étend encore le débat (il faut dire que Fulcanelli a disparu vers 1920, donc qu'il ne pouvait étendre son analyse au régime soviétique) en montrant, par exemple, la structure mythique sous-jacente au communisme appliqué. Comment il montre sous quelle forme le Mythe a su se perpétuer même dans ce monde hyper-rationaliste (ou tendant vers cet état) qui est le nôtre. [J'entends déjà certains dire qu'il n'a pas été le seul à faire ces analyses. Fort bien, et qu'est-ce que cela enlève à Eliade?] Cela dit, j'aime bien aussi son maître et complice Dumézil. Des auteurs que vous citez, je n'ai lu que certains ouvrages de Jung, et un ou deux ouvrages de Guénon (Celui qui m'a le plus intéressé, bien que médiocrement toutefois, était "Le symbolisme de la croix"). Dans l'ensemble, j'aurais plutôt tendance à adhérer aux idées des Néo-jungiens, essentiellement Etienne Perrot et Marie-Louise von Franz, qu'à celle de Jung et encore moins à celle de ce détraqué mégalomane prénommé Sigmund. Voilà, bien pauvre contribution je le crains, mais rédigée "à chaud", car je ne sais si, pour des raisons de travail, j'aurai dans les jours prochains l'occasion d'affiner davantage. Avec mes amitiés, Mondreiter