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Essai sur les débats entre sceptiques et autres


Posted by Sébastien , Jun 13,2001,13:44 Index  Forum

« Le pourquoi du comment que sceptiques et 'non-sceptiques' ne s'entendrent pas »

Je pense qu'il existe un problème fondamental. Une différence si grande, que jamais, ou très rarement, pourront discuter honnêtement sceptiques et 'non-sceptiques'. À cause d'une question d'attitude. C'est ce que j'ai constaté suite aux discussions avec Kindra et ses 'Red Wizards of Thay' ( ;-) ).

L'attitude des sceptiques est généralement la suivante:

(1) La « vérité », la réalité et sa conception nécéssite des faits. Des preuves. L'existance se définit empiriquement uniquement. Vous pouvez avoir toutes les opinions/croyances/etc que vous voulez, tant que vous savez faire la différence entre « vérité » (empiriquement vérifiable) et conception. (je mets 'vérité' entre guillemets car la définition de ce terme peut varier, mais j'espère que vous en comprendrez l'essentiel. Le terme 'existance', je pense, exprime le mieux ce que je veux dire. Pour dire qu'une chose ou qu'un phénomène existe, il faut des preuves).

L'attitude des 'non-sceptiques' est quelques fois la suivante:

(2) Pour certains 'non-sceptiques' (tous ceux que j'ai rencontré, mais j'hésite à généraliser plus loin), le fait qu'une chose, qu'un phénomène soit concevable est suffisante commme critère à l'existance. Si un esprit humain peut inventer une théorie, si tordue soit-elle, et qu'il est possible de la faire 'fitter' avec les faits, c'est un critère suffisant pour l'existance, pour la « vérité ».

(2.1) Le problème qui survient est le suivant. Le critère de suffisance pour les 'non-sceptiques', étant celui de la simple possiblité de conception, implique toutes ces idées de « vérités » relatives. Il faut y croire pour que ça existe. Il faut avoir l'esprit ouvert (admettre la possibilité que la théorie, si tordue soit-elle, 'puissent' être vraie, pour l'acceptée, sans avoir à la « vérifier »). C'est un peu à ce niveau, je crois, que les accusations des 'non-sceptiques' disant que les sceptiques sont 'matérialistes' apparaissent. Ils [les sceptiques] ne veulent pas 'comprendre' que seul dans l'esprit, seul dans la conception se trouvent la « vérité ».

(2.2) Puisque chacun conçoit différement. il existe plusieurs « vérités ». Les confirmations expérimentales n'existe pas. Il n'y a que la théorie qui soit importante. Les faits pourront toujours être interprété de façon à reconfirmer la théorie. La méthode de 'recherche' est fondamentallement différente. Et un des problèmes fondamental de cette méthode est que malgré leurs notions de « vérités » relatives, chacun accorde une importance monumentale à *leur* « vérités ».

(2.3) Les « vérités » des sceptiques, les « vérités » des autres 'non-sceptiques' qui sont contraire et qui vont à l'encontre de La « Vérité » du 'non-sceptique' se verront refuser le droit à la relativité, pour aucune raison apparante. Mais les 'non-sceptiques' seront plus tolérant (et encore...) entre eux puisque ces derniers, au moins, à la différence des sceptiques, ont 'l'esprit ouvert'. (ceci dit sans sarcasmes. Les termes entre guillemets sont généralement des termes pour lesquels sceptiques et 'non-sceptiques' ne s'entendent que très rarement sur leur définitions).

(2.4) Si j'avais à pointer du doigt un 'problème' dans cette façon de voir les choses, je dirais que c'est principalement dû à une profonde inculture de la méthode scientifique et de la façon de l'appliquer. Un bon exemple étant celui où Skya a parlé de 'prouvé esotériquement', et de la définition de 'prouvé scientifiquement' qu'elle a donnée. Trop peu de gens comprenne vraiment d'où provient la justesse de la méthode scientifique, pour quelle raison peut-on lui donnée une si grande valeur, par rapport aux théories ésotériques. Beaucoup trop de gens ne comprennent pas pourquoi la science ne nécéssite pas de croyance, pourquoi la science n'a rien d'une religion.

(1.1) Un critère de suffisance pour le sceptique n'est rien de moins que la preuve empirique, la preuve expérimentale, la preuve scientifique. N'est « vérité » que ce qui est vérifiable, démontrable. L'epistémologie permet de distinguer ce qui relève de la philosophie et ce qui relève de la science, ce qui relève des propriétés de l'univers, unique et communes pour tous. Comme je le dit souvent, selon cette conception, la réalité n'est pas une démocratie. Ce qui existe ce conçoit (ou peut se concevoir), mais ce qui ce conçoit peut ne pas exister. De plus il se peut que certaines choses existent mais qu'elles soient inconcevables.

(1.2) Puisque la réalité n'est pas une démocratie, une preuve de l'existance d'un phénomène doit être la même pour tous. Il faut reproductibilité. Un phénomène qui existent ne peut pas cesser d'exister sans raison. Et surtout pas parce qu'on y croit pas. Croyez-le ou non, mais l'électron existe et ce indépendemment de l'existance de la pensée humaine.

(1.3) Chez les sceptiques, on retrouve un consensus qui pour certain apparait dogmatique et cru (du verbe croyance sp?), puisque ces dernier s'entendent mutuellement de ce qu'est la réalité. C'est une conscéquence directe de l'utilisation de la méthode scientifique. Certaines questions, par construction ou définition, ne trouverons jamais de réponses scientifique. Ces questions relèvent purement de la croyance et de l'opinion. Les sceptiques peuvent s'intéresser à ces questions en tant qu'êtres humains, mais jamais en tant que sceptiques. Ils ne prétendrons pas que leurs opinions sur ces questions ont préséance sur la réalité. Ils ne leurs associeront jamais le status de « vérité ».

(1.4) Si j'avais à pointer du doigt un 'problème' dans cette façon de voir les choses, je dirais que c'est principalement dû à un inconditionnel désir de distinguer « vérité » (ou réalité) de « conviction ». Chaque sceptiques a des croyances (sur la morale, la politique ou autre par exemple) mais il ne s'avoue pas en avoir (moi y compris). Bien que tout ne soit pas démontrable empiriquement ou scientifiquement, bien que tout ne soit pas soluble, le sceptique prétend que tout est rationnalisable. En partant des émotions, jusqu'à la création d'une étoile, en passant par la morale et j'en passe. Il ne laisse pas de place à l'irrationnalité. Ou dans les cas ou il le fait, c'est dans un cadre bien définit et choisi/connu/contrôlé/etc. Ils sont incapable de donner le qualificatif de « vérité » à un concept qui n'a pas ses preuves. Et, surtout, ils sont incapables de tolérer (à tort ou a raison ?) que des gens face cette 'erreur'.

(3) Donc la façon même de voir les choses qu'ont les sceptiques et les non-sceptiques pose un problème de logistique considérable. L'un pense que le simple fait d'énoncer une opinion est suffisant, l'autre attend toujours ses preuves. La notion de 'preuve' n'étant pas la même pour chacun, cela constitue déjà un problème de taille. Malgré toutes les qualifications professionnelles que pourrait avoir l'un et l'autre (sans pour autant vouloir préjuger des capacités intellectuelles de qui que ce soit, d'un côté comme de l'autre, beaucoup de sceptiques ont une formation scientifique -- ce qui cause certains problèmes d'un autre ordre -- font que l'utilisation de certains mots de vocabulaire s'en trouve complexifié énormément et inutilement. Par exemple l'"énergie"), personne ne sera jamais suffisemment compétent dans n'importe quel domaine (en fait tout les domaines) pour pouvoir fournir une idée de chemin pour sortir de cette impasse qu'est le débat entre 'sceptiques' et 'non-sceptiques'.

P.S. J'ai utilisé le terme 'non-sceptiques' car c'est plus court à écrire que 'tenant du paranormal', ou 'personne ayant une certaine conviction ésotérique' ou quelque chose du genre.


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