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Re:Re:Science et Alchimie


Re: Re:Science et Alchimie -- Florence
Postée par decroix rené , May 28,2000,20:17 Index  Forum

En voilà une grande affaire, que celle du rapport entre l'alchimie et la chimie.
La première fois que j'ai rencontré une grande insistance pour les conserver indépendantes, pour nier toute idée de l'alchimie en tant que préhistoire de la chimie, c'était, il y a longtemps, chez Mircea Eliade. Mais il est courant qu'une pensée plutôt ésotérique s'attache à préserver l'alchimie d'un tel rôle.
Seulement, que l'alchimie ait perduré à l'époque de la chimie, et même jusqu'à aujourd'hui,ne permet pas de dire que chime et alchimie ont, "tout simplement", des histoires "synchrones".
Certainement, dater une origine est souvent fort problématique: après tout, dès la métallurgie , la chimie existait, pourrait-on dire ... mais on peut dire à peu près n'importe quoi. A ma connaissance, la chimie telle que nous l'entendons aujourd'hui est plus raisonnablement datable avec Lavoisier, parce que c'est alors que le concept de matière tel que pratiqué par la science apparaît.
Et alors, très certainement, la spagirie ( je n'ai jamais rencontré le mot avec un y, mais je suppose qu'il s'agit de la même chose, la spagirie c'est: l'art qui sépare et qui unit)peut être considéré comme son annonce, mais la spagirie, à ma connaissance, n'apparaît pas avant le XVI° siècle,elle-même dans la foulée du changement de perspective apporté par Paracelse (introduction d'un point de vue analytique (les arcanes) puis-je peut-être dire....) ... bref, elle s'inscrit bien entre l'alchimie et la chimie comme une étape historique.
On pourrait reprendre ce "entre l'alchimie et la chimie", pour dire qu'il faudrait préciser de quelle alchimie on parle, alchimie qui se décomposait depuis longtemps -- peut-être depuis toujours-- en plusieurs courants, et c'est seulement de ces courants que l'on pourrait dire qu'ils coexistaient, qu'ils se déployaient en parallèle, et encore avec un amenuisement des deux autres courants ( à ma connaissance on en distingue trois), le courant prédominant ( le prévalent, mais oui) n'étant prédominant que pour aller mourir en donnant naissance à la chimie.
Mais d'un autre point de vue, on peut aussi dire que la chimie n'est pas fille de l'alchimie, de même que , pour dire vite, la corde à noeuds des Egyptiens n'est pas, dans un sens, le précurseur du théorème de Pythagore.
Là encore donc, à mon avis, il convient de toute façon de préciser sur quel plan épistémologique on se situe,sinon rien n'a beaucoup de sens.

Pour l'autre point principal: Que l'alchimie et la chimie ne poursuivent pas le même but, on peut évidemment le dire, mais à condition de préciser d'une part de quelle alchimie on parle, et d'autre part si considère ou non une époque pendant laquelle elles coexistent, sinon la chose risque de ne pas être très fondée, voire vide de tout sens.
En général, on dira que sont visées des connaissances d'ordres tout différents, mais si on commence par un thème un peu moins prestigieux que celui de la connaissance, celui de la volonté de puissance par exemple, le débat s'en trouve tout changé ...au détriment bien sûr d'un certain romantisme des vénérables figures. Si on réunit les deux, savoir et (pour?) pouvoir, alors on voit fuser bien des équivalences dans bien des directions ...
A l'opposé l'exemple classique est celui de la transmutation: un objectif d'une alchimie (l'une des trois), et un objectif de la chimie, objectif atteint ( par la physique, mais en l'occurrence on peut considérer qu'elles se confondent).
Par ailleurs, à mon avis on ne peut pas faire une généralité du raisonnement qui a été employé et qui pose : d'autres buts DONC d'autres moyens; bien des moyens sont multifonctionnels.
Mais je ne suis pas du tout spécialiste de la question.

Nous avons déjà parlé de Gaston Bachelard (et je n'ai pas encore retrouvé le livre manquant): quelque part, il parle de l'alchimiste d'une manière assez originale, mais aussi triviale, et qui pourrait être choquante pour des gens qui vénèrent l'alchimie.


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