2) sémantiquement parlant si tu dis, «le spirituel c'est ce qui n'est pas matériel» (ce qui est le sens propre de «spirituel», donc parfaitement correct), tu *opposes* donc les deux. Tu fais une définition négative, cad non pas par le contenu de la catégorie mais par le contenu de tout le reste. Mais ça ne veut pas dire qu'ils sont antonymes. Moi mon objection c'était que si tout ce qui n'est pas matériel est spirituel, ça nous fait une belle jambe puisque toutes sortes de choses qui ne sont pas matérielles mais tout de même incompatibles vont se retrouver dans cet ensemble. C'est donc un concept inutile puisqu'il ne discrimine pas, il ne nous aide en rien à comprendre la situation. Au rasoir, disait-il.
3) Moi je crois qu'on fait automatiquement erreur en postulant une hypothèse fondamentalement invérifiable et infalsifiable. Si on adopte pas cette attitude on peut postuler n'importe quoi, et comment fera-t-on pour dire que Gene est un con? Mais le piège dont je parlais est autre: Gene nous le démontre à presque tous les jours, le fait qu'on peut penser une chose ne lui donne aucune réalité propre.
4) Ton dernier paragraphe je le trouve bien bizarre. Quelques phrases:
4.1) «C'est justement parce qu'elle n'est pas observable qu'elle peut encore trouver sa place.» Dans un sens, la spiritualité est observable, parce que les gens en parlent à tout bout de champ. On peut donc observer et noter ce qu'ils décrivent comme étant spirituel. Elle est aussi observable dans ses conséquences: quand on se croit spirituel on agit d'une certaine façon. Mais à l'extérieur de ça, pourquoi postuler l'existence d'une chose inobservable, non définie, changeante et qui cause des effets explicables autrement? C'est pas très scientifique, ça.
4.2) «Toute émotion ne peut, par définition propre, être théorisée par un quelconque modèle.» C'est parfaitement faux, sauf si par «modèle» on entend, «loi sans exception». Effectivement, dans les sciences humaines il n'y a pas de loi sans exception. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'objet de recherche. Mais de toute manière, tu ne peux pas décréter à l'avance ce qui sera possible demain.
4.3) «C'est un phénomène strictement imprévisible en pratique, car beaucoup trop de variables et de pramètres influencent cet état propre au vivant.» C'est beaucoup moins imprévisible que tu crois. Mais de toute façon, «imprévisible» n'est pas le contraire d'«observable», ni de «naturel», ni de «matériel». Ce n'est donc pas suffisant pour dire que la spiritualité est un objet réel non-matériel, sauf si on a décidé a priori de le faire. Ça prouve, au contraire, que c'est une catégorie de pensée culturellement déterminée. C'est donc un objet sociologique et donc plus on s'éloigne du plancher des vaches moins on a de chances de le comprendre.
4.4) «Par définition, la spiritualité n'appartient pas à notre monde physique, elle est par conséquent inobservable. Il s'agit d'une hypothèse de pensée qui n'a pour justification que son existance propre. Sous produit de notre conscience.» Là je suis d'accord, la spiritualité c'est un concept. En tant que tel ça n'a pas de poids, de dimensions, etc. et donc n'est pas «physique» dans ce sens. Par contre, ceci ne permet ni de postuler un «autre monde» (ayoille, mon scepticisme!) ni de dire que ça existe comme chose. Je te donne un exemple: la *différence*. Est-ce que la différence existe? Est-ce une chose immatérielle existant dans un monde d'idées? Eh non, tu as raison, c'est, en tant que concept, ou comme tu dis «une hypothèse de pensée», un produit de la conscience. Il n'est absolument pas nécessaire d'aller plus loin, et c'est d'ailleurs interdit par l'observation empirique.
Enfin je pense, contrairement à toi et André (voir ma réponse à son message) que la spiritualité est l'ennemie jurée de la connaissance. Au mieux, il peut y avoir un cessez-le-feu temporaire où on tire une ligne dans le sable (comme le fait ce naïf de Gould). Mais il restera toujours une incompatibilité fondamentale entre les deux.