Je rejoins assez votre point de vue consistant à dire que l'âme est un postulat utile car j'ai du mal, pour ma part, à considérer le moindre sens transcendant à l'existence en l'absence d'une âme immortelle. Ce que je veux dire c'est que si on suppose qu'il n'y a pas d'âme immortelle, il n'y a pas de raison de penser que le suicide, voire le génocide de toute l'espèce humaine est une plus mauvaise chose que de rester en vie et procréer. En effet, si tout être humain retourne au néant, en quoi celà changera-t-il qqch pour lui si ce néant intervient maintenant ou dans 70 ans ? On peut difficilement admettre que l'on fasse du mal à qqn si on tue tout le monde : la meilleure preuve étant que pas une seule personne n'ira s'en plaindre ! :-) A la limite, c'est presque un bien puisque cela épargnera quelques années de souffrances et d'angoisse dans l'attente de sa mort et de celle de ses proches...
Au fond de moi-même pourtant, une telle perspective m'horrifie mais je suis convaincu qu'elle est parfaitement rationnelle en partant de ce genre de prémisses.
Toutefois, je me dis aussi que la réalité n'a pas à se plier à mes désirs profonds d'immortalité et que s'il n'existe pas d'âme immortelle, elle ne va pas apparaître parce que je le souhaite bien fort. C'est pourquoi je me refuse (à contre coeur) à accorder un crédit particulier à ce genre de thèse sur la base de son utilité ou de son intérêt. Aussi, si comme vous le dites, l'existence de l'âme est qqch d'irréfutable, me voilà condamner à attendre la mort avec angoisse toute ma vie durant...
Maintenant, peut-être que la science n'est pas la méthode appropriée pour résoudre ce genre de question et qu'une autre méthode conviendrait davantage ? J'avoue que l'expérience phénoménologique, dans ses caractéristiques qualitatives et subjectives me semble présenter un caractère profondément irréductible à un ensemble de processus physico-chimiques. David Chalmers, dont je me sens assez proche, à formalisé cette idée avec son argument de la possibilité logique des p-zombies (des personnes qui seraient extérieurement en tout point indiscernables de personnes normales mais qui n'expérimenteraient aucun qualia). Je pense que cette piste pourrait peut-être être creusée utilement dans la recherche de réponses phénoménologiques au problème de l'âme et de l'immortalité (je m'avance peut-être beaucoup, disons que c'est une intuition très personnelle).
J'aimerais bien avoir vos avis à ce sujet.
Cordialement,
Mikaël
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