1) Il n'est pas utile de définir «spirituel» comme l'opposé de «matériel», en tout cas pas dans un forum sceptique: c'est très mélangeant de parler «spiritualité» si ça inclue l'intelligence, la mémoire, etc.
2) Il n'est pas utile non plus de le définir comme «de l'âme» puisqu'en bons sceptiques scientifiques, nous ne «croyons» pas a priori à l'âme. Si on nous démontre un jour son existence, on pourra toujours réhabiliter cette définition, mais en attendant, c'est une catégorie vide.
3) 3e possibilité, «spiritualité» comme «mysticisme»: là c'est très utile, mais comme élément d'analyse ou catégorie descriptive mais certainement pas comme énoncé factuel.
4) Les choses auquelles on pense en tant qu'idéaux indépendants du monde matériel pourraient être qualifiées de «spirituelles». Mais cette indépendance du monde matériel est au mieux extrêmement floue. On ne peut pas bâtir beaucoup là-dessus sans risquer de se casser la gueule. Surtout, il faut éviter le piège qui consiste à faire glisser la réalité de l'activité qui consiste à penser vers son contenu, comme si dans une dimension parallèle ces idéaux existaient vraiment.
Que reste-t-il? Pas grand chose, de toute évidence. Personnellement je trouve que le concept de spiritualité date beaucoup et sa relation avec la réalité humaine est de moins en moins défendable (et certainement pas observable). Ce qui reste, je pense, c'est une catégorie d'émotions liées à l'activité intellectuelle, par exemple l'émerveillement devant une découverte, la satisfaction profonde d'avoir trouvé une solution, d'avoir agi selon une maxime qu'on juge bonne, etc. cad dans ces cas où notre personalité nous apparaît comme fondamentalement indépendante de la matérialité de notre être et auto-suffisante (je dis *apparaît* car il n'y a pas de raison intelligente de supposer que ceci n'est autre qu'une interprétation culturellement déterminée de notre activité intellectuelle). Ce sont autrement dit les cas où on a le plus l'impression d'être un esprit, ce qui est empiriquement faux.